Des pas ont résonné lourdement dans la nuit comme un tocsin, Donc, nous aussi, nous devrons bientôt partir, et faire nos adieux en silence, Sur les sentiers peu fréquentés piétinent les chevaux, les chevaux, Emportant leurs cavaliers, vers un but inconnu. Nous vivons en d’autres temps, exaltants, mais il faut chercher le bonheur comme naguère! Et nous le poursuivons, il nous échappe. Mais dans cette poursuite, nous avons perdu les meilleurs d’entre nous, Et en pleine course, nous remarquons qu’ils ne sont plus à nos côtés. Et longtemps encore nous prendrons les lumières pour des incendies, Et longtemps encore le crissement des bottes nous semblera sinistre, Les enfant joueront à des jeux de guerre aux noms anciens. Et longtemps on divisera les gens en amis et ennemis. Mais quand le vacarme, les incendies, les pleurs se seront tus, Quand nos chevaux seront las de nous emmener au galop, Et quand nos amies auront troqué l’uniforme contre des robes, N’oublions rien, ne pardonnons pas, ne laissons rien se perdre.
© Michèle Kahn. Traduction, 1977