Qui a dit: tout est calciné? Ne jetterez-vous plus de semences dans la terre Qui a dit que la terre était morte? Non, elle retient son souffle. On ne peut empêcher la terre d’enfanter Pas plus qu’on ne peut vider l’océan! Qui a cru que la terre était brûlée? Non, c’est le chagrin qui l’a desséchée. Les tranchées sont comme des entailles Et les trous d’obus béent comme des blessures Les nerfs à nu de la terre Souffrent des maux d’enfer. Elle surmontera tout cela, elle survivra, Ne pense pas que la terre est infirme. Qui a dit que la terre ne chantait pas? Qu’elle s’était tue à jamais? Non! Elle résonne, étouffant les gémissements De toutes ses blessures, de toutes ses entailles Car la terre, c’est notre âme, Et l’âme, ça ne s’écrase pas sous les bottes.    
© Michèle Kahn. Traduction, 1977