Voilà, je ne tremble plus: Sus au sommet! Ma peur a roulé dans le ravin A jamais, à jamais. Pas de raison de m’arrêter, J’avance en glissant, Et il n’est pas au monde de sommets Impossibles à conquérir. Parmi les routes inviolées Il en est une faite pour moi Parmi les frontières à franchir Il en est une que j’ai franchie. Les neiges dissimulent Les noms de ceux qui gisent en ces Parmi les routes où nul n’a marché, Il en est une faite pour moi. Ici la pente est inondée De la lumière bleue des glaces Et le granit a conservé Les traces d’hommes inconnus. Je regarde fixement mon rêve Par-dessus les têtes Et j’ai une foi sacrée en la pureté Des neiges et des paroles. Il peut s’écouler beaucoup de temps Mais je n’oublierai pas Qu’ici j’ai pu anéantir en moi Le doute. Ce jour-là, l’eau me souhaitait dans un Des succès pour toujours, Mais quel jour était-ce donc alors? Ah oui, mercredi!
© Michèle Kahn. Traduction, 1977