Des lumières jaunes pénètrent mon sommeil Et je gémis dans mon rêve Attends un peu, attends un peu Le matin porte conseil. Mais au matin, ça ne va pas. C’en est fini de la gaîté Et on fume à jeun Ou bien on boit pour dissiper l’ivresse. Allons, encore, encore une fois Encore beaucoup, beaucoup de fois Encore, encore une fois Et on boit pour dissiper l’ivresse Les cabarets, tentures vertes Et serviettes blanches Paradis pour les mendiants, et les bouffons Mais moi j’y suis comme un oiseau en cage Dans l’église puanteur et pénombre Les diacres agitent l’encensoir A l’église non plus, ça ne va pas. Rien ne va comme il faudrait! Je me réfugie en hâte sur une montagne Afin d’éviter le pire Au sommet se dresse un aune. Au pied de la montagne, un cerisier Pouvoir couronner la pente de lierre. Même cela me consolerait un peu... Ou bien peut-être quelque chose d’autre Rien ne va comme il faudrait! Allons, encore, encore une fois Encore beaucoup, beaucoup de fois Encore, encore une fois Rien ne va comme il faudrait! Alors je vais à travers champs, je longe une rivière Le clair-obscur, pas de Dieu Et dans le champ immense, des myosotis. Une grand’ route. Le long de la route, une forêt touffue Hantée de sorcières Et au bout de cette route Un billot avec des haches. Là-bas des chevaux dansent en mesure Sans plaisir, avec aisance Le long de la route, ça ne va pas. Et au bout, encore moins. Ni l’église, ni le cabaret Rien n’est sacré Non les amis, rien ne va comme il faudrait! Allons, encore, encore une fois Encore beaucoup, beaucoup de fois Encore, encore une fois Rien ne va comme il faudrait, les amis!
© Michèle Kahn. Traduction, 1977