Nous amorçons la plongée Dans des eaux neutres Nous pouvons une année entière nous rire du temps qu’il fait Et si nous sommes découverts, les radars crieront Notre malheur. Sauvez nos âmes L’air nous manque et nos esprits se troublent Sauvez nos âmes Hâtez-vous vers nous Hé, vous, sur la rive, entendez notre voix Notre SOS est de plus en plus sourd Et l’horreur nous fend le cœur En deux Nos aortes se rompent Mais pas question de faire surface Car à babord et à tribord Et droit devant nous, barre la route La mort, cet épouvantail. Sauvez nos âmes L’air nous manque et nos esprits se troublent Sauvez nos âmes Hâtez-vous vers nous Hé, vous, sur la rive, entendez notre voix Notre SOS est de plus en plus sourd Et l’horreur nous fend le cœur En deux                               Nous ferons surface à l’aube Les ordres sont les ordres S’il faut mourir à la fleur de l’àge, que ce soit au grand jour Notre chemin n’est pas balise, nous n’avons rien pour le faire, rein Mais souvenez-vous de nous Sauvez nos âmes L’air nous manque et nos esprits se troublent Sauvez nos âmes Hâtez-vous vers nous Hé, vous, sur la rive, entendez notre voix Notre SOS est de plus en plus sourd Et l’horreur nous fend le cœur En deux Voilà, nous sommes remontés Il n’y a aucune issue Le cap est mis sur les docks, nos nerfs sont tendus... C’en est fini de toutes les peines, de toutes les fins et de tous les commencements Nous fonçons sur les quais, Transformés en torpilles. Sauvez nos âmes L’air nous manque et nos esprits se troublent Sauvez nos âmes Hâtez-vous vers nous Hé, vous, sur la rive, entendez notre voix Notre SOS est de plus en plus sourd Et l’horreur nous fend le cœur En deux
© Michèle Kahn. Traduction, 1977