Je n’aime pas que l’issue soit fatale, Car de la vie je ne suis jamais las. Je n’aime pas les saisons où j’ai mal, Ni celles où tenacement je bois. Je n’aime pas non plus le froid cynisme, Et l’exalté ne me paraît pas drôle. Je n’aime surtout pas qu’un autre lise, Non, mes lettres par-dessus mon épaule. Je n’aime pas - à moitié, à mi-mot; Ni quand on vient vous couper la parole. Je n’aime pas qu’on tire dans le dos, Ni qu’à bout portant on vous dégringole. Je déteste les ragots, les cabales, Les lauriers piquants, le doute et son ver, Ou bien tout le temps à rebrousse-poil, Ou bien quand le fer entaille le verre. Je n’aime pas l’assurance repue, Il vaut mieux sans frein plonger dans l’erreur. Le mot «honneur», hélas, n’existe plus, La calomnie par contre est à l’honneur. Je ressens peu de pitié, quand j’y pense, Face aux ailes brisées: je n’aime pas La violence, mais pas plus l’impuissance. Je n’ai pitié que du Christ sur la croix. Je n’aime pas que la frousse m’entame, J’ai horreur qu’on frappe les innocents. Je n’aime pas quand on m’entre dans l’âme, Et surtout si c’est pour cracher dedans. Je n’aime pas manèges et arènes, Où on essaie de jouer au plus malin. Même si de grands changements surviennent, Je n’aimerai jamais ça, c’est certain.
© Henri Abril. Traduction, ?