Ne lâchez pas vos belles amies Pour vous attacher à d’autres croupes. Rappelez-vous comme en Australie Arriva jadis le défunt Cook. Assis en rond sous les azalées, De l’aube au soir et du soir à l’aube, Dans cette Australie ensoleillée Les sauvages se mangeaient l’un l’autre. Mais pourquoi ont-ils donc aussi dévoré Cook? La science, dit-on, n’y entend goutte. Je crois pourtant que la chose est simple: sans doute Qu’ils avaient faim... Et de manger Cook! Ou bien le chef leur avait-il crié qu’à bord Il y avait un fameux, un savoureux cookl Alors c’est une erreur (mais la science l’ignore): Au lieu du coq ils ont mangé Cook. Il n’y avait vraiment pas moyen qu’il y coupe! Ils sont entrés, silencieux et souples, Avec une massue de bambou: un seul coup Sur le sinciput - et plus de Cook. Mais suivant une autre hypothèse, les sauvages Auraient mangé Cook en signe de grand hommage. C’est le rusé sorcier qui excita sa troupe: «Hé, les gars, amenez-moi ce Cook! Qui le mangera sans sel, sans oignons dans sa soupe, Sera aussi fort, aussi courageux que Cook!» Quelqu’un lança une grosse pierre, le fourbe, En plein sur son cou - et plus de Cook. Et voici que les sauvages brûlent, après coup, Leurs flèches, leurs massues de bambou, Car ils sont au désespoir et regrettent beaucoup D’avoir autrefois dévoré Cook.
© Henri Abril. Traduction, ?