Qui donc a dit: «Tout a brûlé jusqu’à l’aorte, On ne peut plus mettre en terre une graine...»? Qui donc a dit que la Terre était morte? Non, elle retient pour un temps son haleine. On ne peut plus priver la Terre de maternité, La lui ôter ce serait épuiser la mer. Qui donc a dit que la Terre était carbonisée? Non, elle a noirci de chagrin amer. Comme des balafres, les tranchées sinuent, Les trous de bombes sont des plaies béantes. Les nerfs de la Terre mis à nu Eprouvent une douleur géante. Elle va tout supporter, attendant sa minute: N’allez pas l’inscrire en invalidité! Qui donc a dit que la Terre était muette, Qu’elle ne pourrait plus jamais chanter? Non! Elle vibre, retenant ses larmes, De toutes ses blessures, de ses chairs minées; La Terre, voyez-vous, c’est notre âme, L’âme à coups de botte on ne peut l’exterminer! Qui donc a dit que la Terre était morte? Non! elle retient pour un temps son haleine...
© Léon Robel. Traduction, 1988