Dans le silence des sommets où les rochers au vent ne font pas un écran, Sur des à-pics si verticaux que nul jamais n’y mit le pied, Vivait là, séjournait un joyeux montagnard, un écho, Ne répondant qu’aux cris des hommes, à nos cris. Lorsque la solitude vous prend à la glotte, à la glotte, Qu’une plainte étranglée à peine audible roule au ravin, Cet appel au secours l’écho le reprend à la hâte, Le renforce et le rapporte avec précaution dans les mains des siens. Ce sont des inhumains abrutis de drogue et d’alcool, Pour que nul n’entende les lourds piétinements et les renâclements, Qui sont venus faire taire et tuer ce vivant haut col, Ont garrotté l’écho, lui ont mis sur la bouche un bâillon. Ds ont mené toute la nuit leurs sanglants jeux brutaux, Ds ont foulé aux pieds l’écho, mais personne n’entendit nul son... Au matin ils l’ont fusillé sans un mot l’écho des montagnes, l’écho, Les pierres ont jailli comme des larmes des rochers blessés...
© Léon Robel. Traduction, 1988