À Igor Kokhanovski
Mon ami part pour Magadan, J’en reste sans voix, j’en reste sans voix! Il part lui-même, volontairement, Et pas sous convoi, et pas sous convoi. Non pas qu’il eût mauvais destin, Pas même pour enrager quelqu’un, Ni pour l’ouï-dire: «Qu’il est bizarre!» Mais juste pour voir, mais juste pour voir. Certains diront: «mais il est fou! Comment un homme sain plaque-il tout à dessein? Là-bas y a des camps partout, Pleins d’assassins, pleins d’assassins!» Il répondra: «On exagère beaucoup: Il n’y en a pas plus qu’à Moscou.» Fera sa valise tranquillement, Puis partira pour Magadan. Je peux le faire malgré les ans! D’un train qui file la nuit je voudrais bien sauter! Mais je ne vais pas à Magadan Sans mes a priori, fermant les apartés Accompagné d’une guitare Je chanterai ce qu’il va voir, Ce que j’n’ai pas vu de mon temps, À Magadan, à Magadan. Mon ami part sans vraie raison Il en a ras-le-bol, il en a ras-le-bol Mais il ne va pas en prison Il est bénévole, il est bénévole. Dieu en décida autrement Pour moi, quoiqu’à Magadan Je pourrais suivre mon ami Et me faire tout petit, me faire tout petit.
© Lëshat. Traduction, 2014