Un coup! Un coup! Encore un coup qui part! Un autre! Et vlan! Boris Boudkéiev (de Krasnodar) Un uppercut me flanque. Dans un coin il m’a acculé. Je repars à la charge. Uppercut, au tapis je suis envoyé. Et n’en mène pas large. Et Boudkéiev en me martelant la mâchoire se dit: - Il fait bon vivre, ah! c’est beau la vie! A «sept» je suis encore au tapis. J’entends sangloter les copains. Je me lève, je fonce, me voilà reparti, Accumulant les points. C’est mensonge de prétendre que pour la fin Mes forces je ménage: Frapper à la face quelqu’un J’en suis incapable depuis mon plus jeune âge! Mais Boudkéiev en me martelant les côtes se dit: - Il fait bon vivre, ah! c’est beau la vie! Dans les tribunes on siffle, on crie très fort: Vas-y! C’est un froussard! Boudkéiev cherche le corps-à-corps, Et moi dans les cordes je me carre. Mais il a eu ce qu’il voulait: les Sibériens Sont des entêtés! Et je lui ai dit: - Pauvre dingue! Repose-toi, tu es fatigué! Mais il ne m’a pas entendu. En haletant, il se dit: - Il fait bon vivre, ah! c’est beau la vie! Et il continue à frapper... Il est costaud, le drôle! Il va y avoir du vilain, je crois. Car la boxe, ce n’est pas une rixe,-c’est le sport Des vaillants et cætera... Il a frappé une fois, deux fois, trois fois, Et tout seul il s’est épuisé. L’arbitre m’a levé le bras Avec lequel je n’avais pas cogné. Au tapis, il se dit que c’est beau la vie... Pour certains elle est belle, à d’autres elle fait la nique!
© Hélène Ravaisse. Traduction, 1980