Je m’élance de toutes mes forces, les muscles bandés Mais aujourd’hui, comme le jour précedent, Ils m’ont cerné, ils m’ont cerné: Gaiment ils me rabattent vers les servants, Derrière les sapins s’activent les fusils à deux coups: Les chasseurs dans l’ombre sont dissimulés. Sur la neige tombent les loups En cible vivante transformés. C’est la chasse aux loups, c’est la chasse sans pitié! Aux carnassiers gris, aux adultes et aux nourrissons! Les rabatteurs crient et les chiens aboient jusqu’à la nausée. Le sang sur la neige et les taches rouges des fanions... Ce n’est pas à armes égales que s’amusent avec les bêtes Les chasseurs, mais aux yeux ils n’ont pas froid! Avec les fanions nous coupant la retraite, Ils tirent d’une main assurée et leurs coups ne manquent pas!         C’est la chasse aux loups, c’est la chasse sans pitié! Aux carnassiers gris, aux adultes et aux nourrissons! Les rabatteurs crient et les chiens aboient jusqu’à la nausée. Le sang sur la neige et les taches rouges des fanions. Nos pattes et nos mâchoires sont d’une grande rapidité. Pourquoi, chef de la meute, répondn réponds, Galopons - nous vers les fusils, traqués, Et n’essayons-nous pas d’enfreindre l’interdiction? Le loup ne peut ni ne doit cette loi transgresser... J’ai fait mon temps: Celui â qui j’était prédestiné A levé son fusil en souriant... C’est la chasse aux loups, c’est la chasse sans pitié! Aux carnassiers gris, aux adultes et aux nourrissons! Les rabatteurs crient et les chiens aboient jusqu’à la nausée. Le sang sur la neige et les taches rouges des fanions. Subir, je n’ai pas voulu. J’ai couru. Au-delà des fanions, le désir de vivre est plus grand! Seulement, tout joyeux, derrière moi j’ai entendu Les hommes pousser des cris d’étonnement. Je m’élance de toutes mes forces, les muscles bandée, Mais aujourd’hui, ce n’est pas comme le jour précédent! Ils m’ont cerné, il m’ont cerné, Mais les chasseurs sont resté gros-jean! C’est la chasse aux loups, c’est la chasse sans pitié! Aux carnassiers gris, aux adultes et aux nourrissons! les rabatteurs crient et les chiens aboient jusqu’à la nausée. Le sang sur la neige et les taches rouges des fanions.
© Hélène Ravaisse. Traduction, 1980