Comment regarder ces étranges derniers jours ? Quelle teinte prendra la couleur Quand l’air qui frappe d’avant la tempête devient si froid, si amer Quelle est cette mélodie qui à la mort se couple la douleur Les oiseaux prophétiques chantent alors de concert. Le joyeux Sirin, me sourit, mi- femme, mi oiseau Et m’ensorcelle l’âme de son nid tout en haut Et si triste et plaintif, joie et chagrin mêlés Qu’Alkonost, étrange, m’empoisonne, oiseau et femme mélangés Les sept cordes sacrées se rassemblent Vibrent l’une après l’autre puis ensemble Et l’espoir renaît dans ces cris avec comme signature Gamaïoun le plus savant des trois créatures Dans le profond bleu du ciel percé par d’immenses beffrois Que sonnent les cloches de cuivre Que sonnent les cloches de cuivre Des dômes dorés joyeux et des voûtes s’ouvrent sur l’enfer et sur l’effroi Coupoles russes d’or fin recouvertes comme en un livre Afin que Dieu lui-même sur elles un peu plus se penche Et debout je reste face à l’énigme éternelle, face au ciel Face aux légendes, Face aux mystères de cette terre exquise La douceur et l’amertume, le sel et le miel L’eau surgissant, le seigle jaillissant toujours sur cette terre promise Dans cette terre sale et boueuse nappée de poussière par la rouille tachée Les chevaux s’enfoncent continuellement Qui me traînent plus bas indéfiniment Et je m’endors fatigué, engourdi du sommeil, la chair à jamais mâchée C’est alors que les sept lunes rayonnantes Me soulèvent et me sauvent, les unes après les autres Sage Gamaïoun, nouvel apôtre M’inonde d’une confiance surprenante Mon âme meurtrie, méprisée, maltraitée, usée intensément Qui a souffert des dommages encore et encore Tant et tant que le cœur a saigné profondément Mais je le soigne avec des fils d’or Pour que Dieu lui-même me porte attention.
© Jacky Lavauzelle. Traduction, 2015