Sur les tombes communes, il n’y a pas de croix, Pas plus que de veuves éplorées, Certains y déposent des bouquets quelquefois, Et y allument un feu d’éternité. Ce lieu, où jadis se souleva la terre, Est maintenant dallé de granit. Mais aucun destin n’y est solitaire, Tous, ils sont là réunis. Dans le feu éternel, on voit se consumer Un tank, des maisons de paysans, Smolensk et le Reichstag incendiés, Et flamber le cœur du combattant. Sur les tombes communes, point de veuves éplorées, Il y vient des gens d’une autre foi. Sur les tombes communes, il n’y a pas de croix, Mais en est-on pour autant soulagé?
© Helmut Müller. Traduction, 2010