Tu crois donc que ce n’est pas de mon âge! Il est rare, oui, que j’ouvre mon âme! Et pourtant je vais te raconter Magadan! Écoute un peu! J’ai vu la baie de Nogaisk et ses grands chemins. Ce n’est pas sur un coup de tête Que j’ai pris la poudre d’escampette! Je suis parti un jour pour Magadan, Je fuyais loin de ma rage, loin de moi, Je me suis pinté comme un ouragan A la vodka! J’ai vu la baie de Nogaisk et ses grands chemins. Ce n’est pas sur un coup de tête Que j’ai pris la poudre d’escampette! Les ragots volaient bas sur mes talons, Précédant la tempête et mon avion, Et pourtant je suis parti pour Magadan Chez un copain. J’ai vu la baie de Nogaisk et ses grands chemins. Ce n’est pas sur un coup de tête Que j’ai pris la poudre d’escampette! Je n’ai pas offert mon flanc à mes ennemis, Tranché mes veines ni déchiré ma poitrine; Hardes sur le dos, je suis parti pour Magadan Au diable! J’ai vu la baie de Nogaisk et ses grands chemins. Ce n’est pas sur un coup de tête Que j’ai pris la poudre d’escampette! Ici j’ai laissé, j’avoue, une flopée de femmes, Et les lettres m’alertent: on les rosse abondamment! Et alors quoi? Je suis parti pour Magadan! Nous sommes quittes! J’ai vu la baie de Nogaisk et ses grands chemins. Ce n’est pas sur un coup de tête Que j’ai pris la poudre d’escampette! Aïe, aïe, aïe! Tout cela peut tourner au vilain, Magadan c’est cher et c’est bien loin! Et pourtant je pars pour Magadan Chez mon copain! J’ai vu la baie de Nogaisk et ses grands chemins. Ce n’est pas sur un coup de tête Que j’ai pris la poudre d’escampette!
© Jean-Jacques Marie. Traduction, 1989