Dans le silence du défilé, où le roc n’entrave pas les vents, En des lieux que nul ne connaît, l’écho de la montagne dansait, Et toujours répondait au cri des hommes. Lorsque la solitude roule dans votre gorge, en boule, Lorsque la plainte étouffée glisse sans un mot au fond du gouffre, L’écho, plus agile que l’éclair, reprend l’appel au secours, L’amplifie et l’emporte dans ses mains serrées. Gonflés d’opium et camés, ils n’ont plus visage humain, On n’entend plus hennir leurs bêtes, dont le galop s’éteint. Ils viennent arracher le cœur et la voix du défilé vivant. Ils ont ligoté l’écho, enfoncé dans sa bouche un bâillon, Tout au long de la nuit ils ont joué leur cruelle farce de sang. Ils ont piétiné l’écho, sans un bruit, sans un mot. A l’aube ils ont fusillé l’écho de la montagne à la voix perdue Et des larmes de pierre ont jailli des rochers meurtris.
© Jean-Jacques Marie. Traduction, 1989