Je serre ma gauitare contre moi, les murs, écartez-vous! La Fortune me fut contraire, je n’aurai de liberté, ma vie durant. Tranchez-moi donc les veines, tranchez-moi donc le cou, Seulement, ne coupez pas Mes cordes, mes cordes D’argent! Je m’enfouis dans la terre, je pourris solitaire. Qui de ma jeunesse se montrera compatissant? On rampe dans mon âme, on la coupe en lanières. Pourvu qu’on ne coupe pas Mes cordes, mes cordes D’argent! Emportant ma guitare, ils m’ont pris la liberté. Je me suis effondré, je criais. «Bande de salauds, de truands! Noyez-moi, écrasez-moi dans la boue à coups de pied, Seulement, ne coupez pas Mes cordes, mes cordes D’argent!» Qu’est-ce que c’est que ça, les gars? Je ne verrai plus jamais Ni les nuits sans lune1, ni les petits matins blancs? Ils ont gâché mon âme, ma vie, m’ont privé de liberté, Maintenant, ils ont brisé Mes cordes, mes cordes D’argent.
1 Les cellules restent allumées la nuit.
 
© Michel & Robert Bedin. Traduction, 2003