On se moque bien de l’intrigue ou du thème On sait d’avance ce qu’il y a au final. Le seul livre sur terre, le seul que j’aime, Ça reste le code de procédure pénale. Quand ça ne va pas, quand l’insomme fait rage, Que je me fais peur à cause de la gueule de bois, J’ouvre le code à n’importe quelle page, Et puis, je lis jusqu’au bout, je n’arrête pas. Je ne donnais pas de conseils aux camarades. Pour eux, c’est à l’honneur le vol, l’agression. Mais je viens de lire au sujet de leurs salades: Pas moins de trois ans et dix, c’est un plafond. Ces simples lignes, pensez-y, valent les romans, De tous les temps et de tous les pays! Les baraquements aussi longs qu’un jugement, Les cartes, les rixes, mensonges et tyrannies. Ah! ne pas voir pendant cent ans ces lignes, Derrière chacune, il y a le destin d un lascar Et je suis heureux quand la peine est bénigne. En voilà un, après tout, qui est veinard. J’ai le cœur qui bat comme un oiseau blessé Quand je commence l’article qui parle de moi. Le sang aux tempes n’arrête pas de cogner Comme les flics quand ils viendront pour moi.
© Michel & Robert Bedin. Traduction, 2003