Jamais on ne dresse de croix sur les tombes des frères d’armes, Les veuves ne viennent pas y sangloter, Mais on dépose toujours des fleurs à défaut de larmes. Et la flamme, toujours, est allumée. Sous les obus, la terre se cabrait vers le ciel Et elle s’est tue sous le poids du granit. Ici, pas le moindre destin personnel, Il n’en est qu’un, le même pour tous, unique. Dans la flamme du souvenir, on voit l’incendie des tanks Et les incendies ravager les isbas, L’incendie de Smolensk, l’incendie du Reichstag Et l’incendie dans le cœur du soldat. Pas de veuves éplorées sur les tombes des frères d’armes, Ceux qui viennent ici sont gens plus mâles. Jamais on ne dresse de croix sur les tombes des frères d’armes, Mais croyez-vous que ça fait moins mal?
© Michel & Robert Bedin. Traduction, 2003