Dans ce royaume où la vie était paisible, Il n’y avait ni guerre, ni tornade, ni fléau. Apparut un sanglier énorme, nuisible, Sorte de buffle, d’auroch, de taureau. Le roi, lui, dyspepsique, asthmatique, N’inspiraii de grande peur qu’en toussant, Pendant que le monstre apocalyptique Mangeait ou enlevait les habitants. Et le roi de publier trois édits: «Il faut tuer cette tarasque en vitesse! Celui qui osera faire ceci, pour ceci, Épousera en justes noces la princesse». Or, dans ce royaume désespéré Où l’on s’esquive dès qu’on entre dans la place, Vivait, triste, en hussard, sans s’inquiéter, Un archer brave mais tombé en disgrâce. Gens et fourrures allongés à terre, On buvait de l’hydromel, on chantait, Quand dans la cour, les hérauts annoncèrent De prendre l’archer et de le traîner au palais. Entre deux toux le roi dit «Mon garçon, Je ne veux pas t’apprende la politesse, Mais si demain, tu vainquais le dragon, Tu èpouserais en justes noces la princesse». L’archer dit «Quel beau cadeau que voilà! Je prèfère un tonneau de vin de tes chais. La princesse, même gratis, je n’en veux pas, Ton dragon mente sans ça, je le vaincrai». «Tu la prendras, dit le roi, point final. Ou, en moins de deux, je te mets en prison, C’est quand même une fille de lignée royale!» L’autre lui dit «Tu peux me tuer, mais je dis non!» Et pendant que tous les deux se disputaient, La bête avait presque mangé femmes et bestiaux. Il se baladait aux portes du palais, Ce fabuleux auroch du genre taureau. Pourtant, rien à faire, son vin, il le gagna, Vainquit le monstre et s’échappa de la place... En humiliant la princesse et son roi, Cet archer brave, mais tombé en disgrace
© Michel & Robert Bedin. Traduction, 2003