Bonjour Colas, mon chéri, mon homme affectionné! Je mets la main à la plume pour te dire mon amour, Tu vas rentrer affairé, tout endimanché, Au soviet, tu vas courir, sans me dire bonjour À ton départ, je pleurais, les voisines sont accourues: «Cette céparation, q’uelles disent, elle ne supportera pas». Je m’ennuyais tellement de toi qu elles m'ont secourue, Bien que des raisons de m’occuper, ça ne manque pas. Tiens, le Paulot, ton ami fidele, il est venu, J’ai bien failli lui céder, j’en tremble même encore. Ça fait trois jours, rends-toi compte, qu’il ne dessaoule plus. Avant de faire sa demande, fallait qu’il se rende fort. On dit que t’aurais reçu une prime phénoménale! Boris, notre taureau, serait le champion! Je suis un peu jalouse de ce méchant animal, Et, plus que lui, je t’aime d’un amour profond. Tu m es apparu en rêve, ivre, malade et morose. Si tu as une idée en tête, ne te torture pas. J’étais avec l’agronome, va pas croire des choses, On a parlé toute une heure et seulement de toi. Moi encore, ça va, mais toi, j’ai peur que tu n’ailles mal. L’autre jour, une grosse légume est venue en taxi. «Il y a plan de débauche, qu’il dit, dans la capitale Même que les femes, il y en a plus que de gars», qu’il dit. Écoute, Colas, ne bois pas, attends d’être ici, À la maison, prendre des cultes, je te jure, tu pourras, Et même l’agronome, cros-moi, je n’ai pas besoin de lui, Bien qu’il soit très cultivé tout le contraire de toi. Il y a des trous dans le toit la grange et il pleut à torrents. Sans toi, c’est au-dessus de mes forces, avec toi, je suis bien, Meme sit u ne vaux pas grand-chose, reviens vite, je t’attends! Écris-moi ce qu’on peut trouver dans les magasins.
© Michel & Robert Bedin. Traduction, 2003