Pendant longtemps la ville de Troie assiégée Serait restée inexpugnable fortifiée. Maintenant encore, Troie pourrait même exister, Si à Cassandre, tous les Troyens s’étaient fiés. Incessamment, cette insensée, cette vestale Annonçait «Je vois Troie tomber en poussière!» Mais les visionnaires, les prophétesses, c’est égal, À toute époque, on les a brûlées comme sorcières. La nuit quand des entrailles du cheval de Troie, La mort descendit et déploya ses ailes toutes entières, Dans cette foule affolee et sans voix, Quelqu’un cria «La coupable, c’est la sorcière!» Incessamment, cette insensée, cette vestale Annonçait «Je vois Troie tomber en poussière!» Mais les visionnaires, les prophétesses, c’est égal, A toute époque, on les a brûlées comme sorcières. Et dans cette nuit, dans ce tumulte, dans ce sang, Se réalisa la prédiction destructrice, Si bien que la foule ne put trouver un moment Pouur exercer comme d’habitude sa justice. Incessamment, cette insensée, cette vestale Annonçait «Je vois Troie tomber en poussière!» Mais les visionnaires, les prophétesses, c’est égal, À toute époque, on les a brûlées comme sorcières. La fin est simple, tragique et désolante Un Grec trouva la demeure Cassandre, son logis. Il se mit à s‘en servir, non pas comme d’une Cassandre, Mais comme le fait tout vainqueur inassouvi Incessamment, cette insensée, cette vestale Annonçait «Je vois Troie tomber en poussière!» Mais les vissionnaires, les prophétesses, c’est égal, À toute époque, on les a brûlées comme sorcières.
© Michel & Robert Bedin. Traduction, 2003