Tout le monde me voit dans cette lumière jaune, La même procédure aujourd’hui comme hier, Devant le micro comme devant une icône - Non aujourd’hui, devant une meurtrière. À ce micro-là, je n’ai pas I’heur de plaire. Ma voix devient horrible pour l’assistance, Si je mens un peu, ça m’en a tout l’air, Il amplifier le mensonge par sa puissance. La rampe me frappe les côtes avec ses feux, J’ai le visage mauvais dans les projos, Et les spots latéraux me brûlent les yeux, J’ai chaud, j’ai chaud, j’ai chaud! Je suis vraiment enroué aujourd’hui, Mais je n’oserai pas changer de tonalité. Si je me mets à truquer, ce n’est pas lui Qui redressera ce qui est faussé. Lui, la sale bête, coupant comme un rasoir, OreiIle si fine qoi entend, les fausses notes, Il s’en moque que je ne sois pas en forme ce soir Du moment que j’égrène toutes mes notes! La rampe me frappe les côtes avec ses feux, J’ai le visage mauvais dans les projois, Et les spots latéraux me brûlent les yeux, J ai chaud, ja‘i chaud, j’ai chaud! Et ce micro au cou souple et fluet Fait osciller sa tête de serpent. Il me mordra si jamais je me tais, Je chante à mort jusqu’à l’abrutissement. Je ne dois pas bouger ni faire un seul mouvement, J’ai vu ses cros c’est un reptile qui est là! Je suis devenu un charmeur de serpents, Je ve chante pas je charme ce cobra! La rampe me frappe les côtes avec ses feux, J’ai, le visage mauvais dans les projos, Et les spots latéraux me brûlent les yeux, J’ai chaud, j’ai chaud, j’ai chaud! Il est vorace comme les oisillons, Prend sa becquée et avale mes notes, Me colle ses neuf grammes de plomb sur le front, Sur la guitare, j’ai les mains qui tricotent! Mais cela ne finira donc jamais? Maintenant, il est comme un cierge devant moi. Est-ce que ce micro me dira qui il est? Je suis pas un saint et le micro ne brille pas.         Mes mélodies sont plus simples que des gammes. Mais, si jamais j’essayais d’en faire trop, J’aurais les joues cinglées, et jusqu’à l’âme, Par l’immobile ombre de mon micro.         La rampe me frappe les côtes avec ses feux, J’ai, le visage mauvais dans les projos, Et les spots latéraux me brûlent les yeux, J’ai chaud, j’ai chaud, j’ai chaud!
© Michel & Robert Bedin. Traduction, 2003