Fini le temps des préludes, des introductions, Tout va tres bien, je ne mens pas, c’est du sérieux. Les grosses légumes m’invitent à la maison Pour que je chante «La chasse aux loups» chez eux. Peut-être l’a-t-il entendue par la fenêtre, Ou peut-être bien que les gosses ont ramené ça, Va t’y fier. Mais il a une cassette, Ce camarade, un responsable lambda. Et, délaissant le bavardage quotidien De la famille, dans la lumière tamisée, Tout bas pour que n’entendent pas les voisins, Il a appuyé sur le bouton «Play». Les derniers mots n’étaient pas clairs du tout, (C’est une mauvaise copie qu’on lui a donnée) H a pu entendre «La chasse aux loups» Et quelque chose d’autre sur la face B. Après avoir écouté jusqu’au bout, Trés en colére que les derniers mots manquaient Il teléphone «L’auteur de La Chasse aux Loups, Convoquez-le demain à mon cabinet!» Pour m’encourager, je n’ai pas bu de vin. Et répriant mon hoquet pour qu’il passe, Là sur le seul, début à la fin, J’ai donc hurlé cette chanson sur la «Chasse». Ses enfants l’ont prié, selon toute vraisemblance, De paraître aimable, et il m’a souri, Il m’a écounte avec bienveillance Et même, à la fin, il m’a applaudi. Et faisant tinter les verres et la vodka Qu’il venait d’extraire de sa bibliothèque, Il a lâché «Mais, il chante sur moi, Sur nous, nous tous! Au diable ces loups!» Bien sûr, maintenant, c’est fini, attendons, Trois ans déjà, cinq rappels par jour, debout, Les grosses légumes m’invitent à la maison Pour que je leur chante chez eux «La Chasse aux Loups».
© Michel & Robert Bedin. Traduction, 2003