C’est ainsi, tous les hommes sont partis, Ont quitté les semailes en avance, Des fenêtres, on ne voit plus leur présence, Dass la poussière des chemins, évanouie, Et les grains tombent des lourds épis, Larmes des champs qui ne sont pas moissonnés, Et les vents froids, diligents et coulis, Dans les fentes se sont coulés. Pressez vos chevaux, nous vous attendons, Bonne route, bonne route, bonne route! Que les vents ne vous soient pas contraires mais propices, Et revenez plus vite dans vos maisons! Vos rires leur manquent sans doute, Car le saule pleure et les sorbiers se dessèchent, se ternissent. Dans la chambre, tout là-haut, nous vivons, Nulle issue à quiconque dans ces appartements, Seuls l’espérance et l’isolement Ont pris votre place dans les maisons. Elle a perdu son charme et sa grâce, La blancheur des chemises aux penderies, Même les chants anciens nous agacent, Il sont d’un mortel ennui. Pressez vos cheaux, nous vous attendons, Bonne route, bonne route, bonne route! Que les vent ne vous soient pas contraires mais propices, Et revenez plus vite dans vos maisons! Vos rirers leur manquent sans doute, Car le saule pieure et les sorbiers se dessèchent, se ternissent. Nous souffrons de méme affliction, Chaque jour, toujours plus lancinante, L’éternelle déchirure se lamente En écho aux anciennes oraisons. Hommes à pied, hommes à cheval, revenez, Épuisés, estropiés, mais vivants, Que le vide des avis de décès Se soit pas nos seuls pressentiments! Pressez vos chevaux, nous vous attendons Bonne route, bonne route, bonne route! Que les vents ne vous soient pas contraires mais propices, Et revenez plus vite dans vos maisons! Vos rires leur manquent sans doute, Car le saule pleure et les sorbiers se dessèchen, se ternissent.
© Michel & Robert Bedin. Traduction, 2003