Je veille, mais un songe prémonitoire me tance J’avale des pilules, espérant dormir Je ne m’habituerai pas à devoir m’infléchir. Les organisations, les chefs, les instances Mont déclaré une guerre ouverte, je pense, Parce que j’ai rompu le silence, Hurlant, dans le pays pour mettre en évidence Que je ne suis pas un simple rayon de roue! - pour dire Que j’éprouve un malaise, que je ne peux pas dormir, Parce qu’à l’étranger, lorsqu’ils veulent produire, En émissions, mes vieilles chansons de malfrat, Ils considèrent devoir s’excuser et prévenir «C’est sans son accord, c’est nous...et caetera!» Pourquoi encore? Peut-être pour mon épouse J’aurais dû en choisir une vraie de chez nous? Ou bien parce que chez les capitalistes, je m’obstine à me glisser? Qu’aller au fond, je n’en ai pas le goût, Que j’en ai écrit, et plus d’une, des chansons, Sur la lutte contre le fritz que nous combattions, Sur le soldat tombé sur les fortifications, Alors que, de la guerre, je n’ai pas la moindre idée, Ils crient que la lune, je la leur ai volée, Et que leur voler autre chose, je ne vais pas oublier. Et les mineurs derrière les rumeurs vont courir. Ah, je n’ai pas sommeil! Pourquoi ne puis-je pas dormir? Non Je me saoulerai pas! Je tendrai la main Et d’une croix, je réduirai mon testament à rien. Sans oublier en même temps de me signer. Et j’écrirai une chanson, et plusieurs, tiens, Dans laquelle j’en maudirai quelques-uns, Mais je n’oublierai pas, bien bas, de saluer Tous ceus qui ont écrit pour que je n’ose m’allonger! Même si la coupe est amère, je ne les trahirai point.
© Michel & Robert Bedin. Traduction, 2003