Sur la Volga, notre mère, La Volga nourricière, Quantité de chalands ploient Sous leur charge de bois. Elle n’est pas éreintée, Elle n’est pas harassée, Le fardeau paraît léger Lorsque c’est pour soi. Et au fil àe la Volga, À droite, dans les secousses Des rapides, j’aperçois Le rivage en pente douce. Là, le jonc est tremblotant, Il se casse par le mitan, À droite, la rive descend, À gauche, elle monte brutalement. Des chants, la Volga en sait Plus durs que ceux des bateliers, Quand son eau fut lacérée Par les balles ennemies. Et, alors, sur notre mère, A coulé notre sang clair, Il s’est figé à la lisière En ecume brunie. Dan ses eaux douces, des années, Combien de larmes furent versées, Et les rives abaissées, Et les rives escarpées Ont pleuré d’être souillées Du pas des chevaux ferrés Mais les vagues ont léché À présent, les méchantes plaies. Que vous est-il arrivé, À vous, antiques cités? Là, près des remparts usés, Autour des kremlins, Conime soudain réveillés, Ils ont jailli par milliers, De terre, tes chevaliers, Tous les preux des temps anciens. De leurs pattes toujours ramant, Les navires péniblement, De la Caspienne, depuis longtemps, Tirent les barges en s’échinant, Tirent, tirent sans regarder, Et sur de grands espaces, Derrière les rives escarpées S’étendent les rives basses.
© Michel & Robert Bedin. Traduction, 2003